Perséphone de Benjamin Carteret

« Fille de Terre, 

Gardienne, Feu, 

Relève-toi. Tu dois te dresser

 D’une posture royale, fière, sacrée,

Dans la plaine où Terre autrefois féconde

A accouché du monde. Que naisse

La Reine Perséphone. Ton

Royaume s’ouvre

A Toi. »

Quoi de mieux qu’un champ de coquelicots pour y apposer la couverture de ce superbe primo-roman. Les connaisseurs y verront l’emblème de la déesse du printemps, la célèbre Perséphone.

Connaissez-vous son mythe ? Cette jeune déesse chthonienne grecque, nommée Koré, née des liaisons incestueuses de Déméter et Zeus, deviendra Perséphone, reine des enfers en épousant le non moins célèbre Aidoneus (Hadès). Les saisons étant régulées par Déméter, quand sa fille disparait dans les enfers après son enlèvement par Hadès, un long hiver s’installe sur la Terre. Le retour de Perséphone auprès de sa mère annonce le retour du printemps.

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Intérieur nuit de Nicolas Demorand

A ceux qui se sont réveillés à 7h20 le mercredi 26 mars dernier avec la voix de Nicolas Demorand et aux autres (podcast accessible) !

En 80 secondes, selon un rituel établi, moment de partage entre lui et les auditeurs d’Inter mais cette fois, son sujet n’est pas une série TV qui l’a captivé ou un roman américain qui l’a ébloui mais sa bipolarité.

C’est tout autant inattendu qu’impressionnant de courage, clair, factuel et bourré d’empathie pour les autres, ceux qui souffrent de la même maladie que lui ou d’une autre pathologie mentale.

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Une vie en apnée de Perrine Austry

« Ici le froid gèle les cœurs ».

L’incipit d’Une vie en apnée de Perrine Austry  vous met tout de suite dans l’ambiance. 

Hilde et Katarina sont deux sœurs inséparables vivant en Norvège. Un grave accident plonge la cadette dans d’horribles souffrances. Pour limiter les douleurs et la surmédication, Katarina décide d’utiliser le froid comme thérapie. Elle plonge dans un lac gelé son membre endolori, puis, tout son corps. Cette glace lui apporte un second souffle, ses muscles comme son esprit se détendent. Elle se lance alors un défi : réussir un record du monde en apnée en eau gelée. Sa sœur Hilde est terrifiée mais, tel un ange gardien, elle soutient sa sœur dans cet exploit sportif dangereux. Le noyau familial commence à se couper du monde extérieur.

C’est une apnée pour les personnages de ce roman qui n’arrivent pas à communiquer. Mais ça l’est également pour le lecteur. Perrine Austry ne met aucun dialogue dans la première partie de son roman. Il est écrit à la troisième personne nous mettant ainsi à distance avec les personnages qui nous paraissent inaccessibles. Chacun semble être dans une bulle gelée. Un isolement pour se protéger. L’autrice utilise le champ lexical du froid ainsi que des métaphores autour du monde aquatique, de la respiration.

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Le fantôme de la banquette arrière de Jan Carson

Nous avons récemment organisé une rencontre des Liseuses de Bordeaux autour de la thématique des maisons d’édition. C’est au cours de cette réunion que j’ai réalisé que la maison sur laquelle s’était arrêté mon choix, Sabine Wespieser Editeur, même si elle publie des auteurs de toutes les nationalités, m’évoque principalement un formidable quatuor d’autrices irlandaises contemporaines.

Je ne résiste d’ailleurs pas au plaisir de leur rendre un rapide hommage même si cet article ne portera que sur la dernière d’entre elles, Jan Carson. Nuala O’Faolain, regrettée autrice de L’histoire de Chicago May récompensé du Prix Fémina en 2006. Edna O’Brien, décédée l’été dernier, qui avait reçu récemment, en 2019, rien moins qu’un prix Femina spécial pour l’ensemble de son œuvre ! Claire Keegan dont j’ai adoré, lu et relu, toutes les nouvelles du recueil L’antarctique.

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