Anatomie d’une rencontre amoureuse, lecture dans les salons de l’hôtel Marty de Bordeaux

Nous vous convions, en partenariat avec l’Hôtel Marty, à une lecture de passages du roman d’Alice Ferney, La conversation amoureuse. Dans ce roman, la fine analyse du sentiment amoureux met en lumière le caractère irréductible des ressentis de chacun, et au-delà, des ressentis féminins et masculins.

« C’est étrange cette façon de progresser en sens inverse :

elle marchait vers le feu alors que lui s’était éloigné de son brasier« 

Marie-France et France, des Liseuses de Bordeaux, liront à deux voix, et vous pourrez ensuite échanger avec elles et avec les autres Liseuses présentes.

Rendez-vous, le vendredi 5 décembre, dans le luxueux salon de l’hôtel Marty, Tapestry collection by Hilton, à partir de 19h. Afin de partager un moment de convivialité, le bar sera ouvert avant la lecture, celle-ci débutera à 19h30 et durera une petite heure. L’évènement est gratuit sur inscription.

Suivez ce lien pour réserver vos places : https://www.billetweb.fr/lecture-a-deux-voix-par-les-liseuses-de-bordeaux

L’Hôtel Marty se situe 153 rue Georges Bonnac à Bordeaux.

Les Liseuses de Bordeaux

Foire du livre de Brive : « Destins croisés » 

Lorsque Camille Kouchner, Paul Gasnier et Sorj Chalandon se rencontrent à la Foire du livre de Brive, c’est l’occasion pour ce dernier de nommer ce qui selon lui les réunit dans leur style d’écriture  : « on pourrait être obscènes, on ne l’est pas, on reste raisonnables, on ne fait pas les malins ». 

De fait, si Camille Kouchner signe ici son premier roman Immortels et s’adonne à la fiction à partir de cette très belle et obsédante question « qu’est-ce qu’on fait de son enfance quand on devient adulte ? », Paul Gasnier, lui, présente un premier récit littéraire et autobiographique, La collision, au travers duquel le narrateur est à la fois le fils en deuil et le journaliste qui s’intéresse à l’accident qui a causé la disparition de sa mère et qui s’origine dans la collision de deux mondes, l’un privilégié, bien né, tourné vers les autres, l’autre abandonné, laissé pour compte d’une République qui n’est plus inclusive depuis longtemps. 

Tandis que Camille Kouchner narre l’amitié de deux enfants que tout lie et relie, Paul Gasnier montre comment un monde met fin à un autre et Sorj Chalandon (Le livre de Kells) comment une autre violence a fait de lui celui qui a cherché à se sauver de sa famille puis de la rue en n’étant ni proie ni prédateur. Des errements d’adultes, des drames familiaux ou sociaux, des histoires de violences, voilà ce qui réunit ces trois auteurs qui se refusent à tout manichéisme. Preuve en est les mots de Sorj Chalandon qui ayant fui un père d’extrême-droite brutal et tortionnaire, tient à dire à propos de lui, loin de toute facilité, cette phrase très lucide et très belle : « Je ne suis pas que le contraire de ce qu’il a été ». 

France, novembre 2025

Rencontre « en petit comité » au salon Lire en Poche avec Jean-Baptiste Andrea

Le petit-déjeuner partagé dimanche 12 octobre avec Jean-Baptiste Andrea fût l’occasion d’appréhender sa vision de l’écriture et du monde. Dans ses romans, les figures féminines sont fortes, atypiques dans leur volonté de se placer au-dessus de la vie, et au-delà de leur condition, pour faire advenir leur propre monde. Face à ces femmes en devenir, ses personnages masculins sont au début un peu gauches et dépassés, moins matures – comme le sont les hommes en général selon lui – ; ils essaient de suivre le rythme. Puis, ce sont eux qui leur servent ensuite d’étai pour qu’elles puissent aller au bout de leurs actions, de leurs idées. Car la vie est « encore comme ça » comme il nous l’a dit, une inégalité entre les femmes et les hommes perdure même s’il est le premier à trouver cela aberrant et fou. La façon dont ses personnages féminins et masculins s’arriment les uns aux autres, envers et contre leurs différences, est aussi pour lui le moyen de résumer la vie : faite de rencontres, de personnes sur lesquelles on prend appui pour grandir, s’élever, devenir meilleur. Et le concernant, ce sont le plus souvent des femmes qui ont rendu possible cette élévation nous a-t-il confié.

Jean-Baptiste Andrea cherche aussi au travers de ses histoires à transcender notre vision actuelle du monde qui est « dévorée par l’angoisse ». Or, cette vision du monde est selon lui biaisée, construite par les médias notamment. Elle étouffe toutes les autres alors que d’autres récits sont possibles, que d’autres regards peuvent être portés sur le monde. Et ce sont ces regards-là qui l’intéressent. Ce sont parfois des regards d’enfants, de l’enfant qui reste en chacun de nous, de cette irréfragable part d’optimisme et de joie en nous que l’on tolère de ne plus cultiver à l’âge adulte. Or, pour lui « le monde évolue grâce à notre capacité à inventer des choses qui n’existent pas », « grâce à notre capacité à voir quelque chose d’encore invisible » qui nécessite de forer nombre de couches de négativité. Et c’est cette lumière malgré la noirceur, cette lumière qui est tout autour si on décale le regard que ses lectrices qui étaient présentes dimanche ont dit voir dans ses romans et particulièrement apprécier.  

Concernant la construction de ses récits, il nous a dit être d’abord guidé par une idée, un thème central, puis le décor prend place et ensuite les personnages : « si je n’ai pas d’histoire à raconter, je n’ai pas de personnages ». Jean-Baptiste Andrea n’écrit pas « au fil de la plume », il sait toujours où il veut aller et construit les étapes de son récit en amont : « dix mois de préparation puis l’écriture est instantanée ». Ce temps de préparation et de planification est pour lui incontournable pour être sûr d’avoir quelque chose à raconter et que le lecteur reste accroché au récit. Néanmoins, en phase d’écriture, il n’écrit pas plus de trois à quatre pages par jour car c’est son propos qui lui importe, pas les effets de style. Lorsqu’il commence à observer son style de trop près, il arrête. Il ne cherche pas à perfectionner une forme pour elle-même mais à disparaître en tant qu’auteur derrière le processus narratif, à l’entier profit de celui-ci. Essayer de rester en tant qu’auteur « à la moitié du pont » et « laisser le lecteur faire les 50% restants » est l’un de ses objectifs.

Une entreprise passionnante et des propos, une intention d’auteur très clairs et construits, éminemment stimulants. Un grand merci à lui pour ce partage !

France, octobre 2025

Rencontre avec Delphine Bertholon pour La baronne perchée

Le 25 septembre dernier, comme nous vous l’avions annoncé, les Liseuses ont eu l’honneur de modérer la rencontre avec Delphine Bertholon grâce à l’invitation de la Médiathèque du Bouscat. Carine nous avait contactées cet été très enthousiaste à l’idée de faire découvrir aux lecteurs de la médiathèque cette auteure qu’elle suit depuis très longtemps et dont elle admire les qualités littéraires et humaines. Comme elle a pu nous le dire, Le soleil à mes pieds notamment, lui a laissé un souvenir de lecture percutant et bouleversant.

Cette rencontre que j’ai eu l’immense plaisir de modérer nous a permis d’aborder de très nombreux sujets, l’écriture de D. Bertholon en littérature générale mais également jeunesse et aussi en tant que scénariste, les apports croisés de ces différents genres dans son style et sa méthode de travail, ses goûts littéraires, ses sources d’inspiration, la façon dont on retrouve entre ses différents romans des échos d’un personnage à l’autre, d’une situation de vie à l’autre. Ce fût également l’occasion de parler bien sûr de son actualité littéraire avec la sortie cette année de La baronne perchée chez Buchet-Chastel que nous vous recommandons chaudement.

La baronne perchée ou l’histoire de Billie, 12 ans, bientôt 13, qui vit avec Léo, un père jeune, de plus en plus absent, qui boit trop et vit une paternité subie car marquée par la mort de sa compagne à la naissance de leur fille. Comme D. Bertholon le dit et nous amène à le ressentir, bien que Léo mette quelques jours à découvrir la disparition de sa fille, il ne lui manque pas grand-chose pour être un bon père. Au moment où nous faisons sa rencontre, il en est pourtant bien loin et Billie ne supportant plus cette distance entre eux fait une fugue en lui laissant sur son lit Le baron perché d’Italo Calvino pour tout indice. Billie met donc Léo au défi de la retrouver et d’exprimer son amour pour elle dans cette recherche qui va nécessiter qu’il essaie de se mettre à sa place. Au milieu de cette situation, un homme inconnu et mystérieux rôde ou attend quelque chose, un homme qui détient peut-être certaines clés.

Comme souvent dans les romans de D. Bertholon, il y a donc une part de mystère et surtout des conditions qui peuvent permettre de changer la vie d’une façon ou d’une autre si l’on s’en saisit. Cependant, vous l’aurez compris, les conditions, dans La baronne perchée, c’est avant tout Billie qui les crée et cela a été l’occasion d’échanger longuement avec l’auteure sur ses personnages qui sont souvent adolescents ou jeunes adultes (parfois l’un et l’autre lorsqu’on les rencontre à la fois adolescents puis jeunes adultes restant marqués par un évènement de leur adolescence). Ce fût ainsi passionnant d’échanger sur la pré-adolescence et l’adolescence qui sont pour D. Bertholon l’âge des possibles, celui auquel le regard que l’on porte sur le monde revêt une ambition, une justesse, un rapport à la vérité que les années émoussent ensuite. On pourrait parler de « fraîcheur » mais c’est bien plus que cela, et ses personnages nous permettent réellement de nous reconnecter avec un idéalisme dans le meilleur sens du terme, un idéalisme qui nous montre tout ce qui dans notre vie ne cesse de dépendre avant tout de nous. Comme elle a pu nous le dire, D. Bertholon croit dans les vertus de la vérité dans les liens familiaux, amicaux, amoureux ou plus précisément, elle est persuadée de la nocivité du mensonge et du silence dans les relations intimes. Ses personnages sont d’ailleurs souvent les otages ou les rescapés d’une dissimulation qui les a marqués au sceau d’un désalignement originel qui ne cesse de ricocher ensuite aux différentes étapes de leur vie.

Pour que vous puissiez vous faire une idée de ses romans si vous ne les avez pas encore découverts, je vous dirais qu’ils allient deux choses essentielles pour moi, style littéraire et plongée dans la vie des personnages que l’on suit pas à pas et dont on ausculte les désirs, les contradictions, les peurs, les souvenirs, des personnages jamais manichéens qui nous embarquent, dont on se souvient et qui nous inspirent au-delà du temps de lecture de ses romans. 

Un immense merci à Delphine Bertholon pour ce très beau moment de partage, authentique et convivial et à l’équipe de la médiathèque du Bouscat, Carine, Vincent, Mathilda et Jean-Luc pour leur accueil si chaleureux qui nous a conquises. On revient quand vous voulez ! 

France, octobre 2025

La baronne perchée, Delphine Bertholon, Buchet-Chastel, 2025