En attendant Bojangles est une fantaisie. Lisez ce roman : son grain de folie fera pétiller votre hiver…
Une mère fantasque, un père extravagant et leur fils refusent l’ennui du quotidien en y apportant leurs touches de fantaisie. Les parents encouragent leur fils à « mentir à l’envers » pour rendre le récit du réel plus drôle, la mère sort nue dans la rue pour acheter des huîtres et du vin blanc pour un petit déjeuner de lendemain de fête… La mère, dont le prénom est un mystère, est le personnage le plus touchant : délurée, elle fait fi des codes sociaux avec légèreté et humour. Elle est libre.
La narration est structurée autour de deux récits qui décrivent cette femme fantaisiste et rythment l’histoire : celui de son fils, naïf et frais, et celui du père plus mature et amoureux fou.
Car le fil conducteur de l’histoire, c’est l’amour du père et de la mère, un amour fou au sens propre comme au figuré. La frontière entre raison et folie est allègrement franchie. Et si cette épigramme de Bukowski est rappelée en ouverture du roman…
Certains ne deviennent jamais fous. Leur vie doit être bien ennuyeuse
… c’est qu’on ne s’ennuie pas dans cette famille. Mais, progressivement, le grain de folie se transforme en une douce folie dont le paroxysme est atteint avec la danse que pratiquent les parents sans modération et qui les entraîne régulièrement jusqu’au bout de la nuit. Ils dansent toujours sur le même air sensible et touchant de Nina Simone, Mr Bojangles, la joie et la tristesse…
Ils volaient mes parents, ils volaient l’un autour de l’autre, ils volaient les pieds sur terre et la tête en l’air, ils volaient vraiment, ils atterrissaient tout doucement puis redécollaient comme des tourbillons impatients et recommençaient à voler avec passion dans une folie de mouvements incandescents.
La famille est rattrapée par la réalité beaucoup plus brutalement qu’elle ne s’y serait attendue et sa réponse est à son image fantasque : elle part se réfugier dans son château en Espagne…
Olivier Bourdeaut a la délicatesse de ne pas assommer le lecteur de termes cliniques brutaux et froids pour montrer ce basculement d’un comportement légèrement inconséquent mais acceptable par la société à un état plus grave de folie qui suscite l’inquiétude. Il prend le parti de la douceur et de la poésie pour décrire la folie douce qui s’installe dans la vie de cette famille.
En attendant Bojangles est pétillant et lumineux.
Pour retrouver le roman sur le site des éditions Finitude, c’est par ici !
Florence, 19/01/2016
C’est un bon roman, bien écrit et bien construit qui fera lire pas mal de gens. C’est pas si mal, non ?
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C’est vrai. C’est peut-être ce qui m’a dérangé d’ailleurs, l’impression d’être en train de me « faire avoir »! Et elle s’est accentuée en regardant certaines interviews de l’auteur. Désolé d’avoir été un peu caustique et bonne continuation. 😉
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Je viens juste de le terminer et il est calibré pour faire un carton, ce bouquin! Il est un peu à Vian ce que « Fifty shades » est à Sade et il va faire un malheur chez les ados et la ménagère de moins de 50 ans qui s’emm… en triant les chaussettes.
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Merci pour ce commentaire qui va rendre heureuses les ménagères de moins de 50 ans et ravir les ados. Formidable !
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