En toute franchise

en-toute-franchise-richard-ford-liseuses-de-bordeauxRichard Ford est inégalable lorsqu’il s’agit de relever des détails infimes de la vie, de raccrocher les événements qui tourmentent le monde à une vie plus ténue. Il est l’écrivain qui peut traiter avec discrétion et intelligence de sujets universels comme la vieillesse, la mort, la foi, le mariage… tout en étant caustique et politiquement incorrect.

Dans En toute franchise, Richard Ford rappelle Franck Bascombe, héros de trois de ses précédents romans, aujourd’hui âgé de soixante-huit ans. Après avoir vu l’une de ses anciennes maisons littéralement retournée par l’ouragan Sandy, Franck, ancien journaliste sportif et agent immobilier, dresse un bilan de sa vie. Ses questionnements sont assurément universels et les lecteurs y retrouveront les leurs : Que vaut une révélation dont les faits se sont passés il y a trente ans ? Quelles relations entretenons-nous avec nos enfants et notre ex-femme malade ?

Rien ne me pousse à la toucher, l’embrasser, la prendre dans mes bras. Mais je le fais. C’est notre dernier charme. Qu’est-ce que l’amour sinon une infinie série de gestes isolés ?

En toile de fond, il y a les États-Unis d’aujourd’hui, ceux de la crise économique et de l’élection du premier président noir et démocrate. Il y a aussi la nature désolée après le passage d’un ouragan, qui ouvre devant nos yeux un territoire arasé …

Ces dernières semaines, j’ai entamé un inventaire personnel des mots qui, selon moi, ne devraient plus faire partie de la langue, orale ou autre. Ceci avec la conviction que la vie consiste à se délester progressivement pour atteindre à une essence plus solide, plus proche de la perfection

Le ton un brin caustique et légèrement désabusé est assurément le grand charme de ce roman.

– T’aurais pas grandi, Franck ?

– J’ai le caractère d’un gars plus petit

Florence, 18/09/2015

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